Marrakech #3: trésors cachés

Nos aventures à Marrakech continuent dans la médina. Je me sers du plan de notre guide pour nous déplacer, mais la réalité n’a rien de ce tracé simpliste. Il parait que même les meilleures cartes de Marrakech sont approximatives, ce qui me rassure sur mes capacités d’orientation.

On avance un peu au pif, avec la mosquée pour point de repère. On arrive rapidement aux portes de la ville, à la porte Bab Jdid.

Là, on remarque une pancarte nous indiquant les palais que l’on voulait voir… dans la direction opposée. Retour en arrière donc, en longeant l’immense hotel La Mamounia.

La Mamounia

La Mamounia est un hotel 5 étoiles, qui se loge dans un luxueux palais mélangeant architecture marocaine et art déco. A l’origine, il s’agissait de jardins appartenant au sultan, on y a construit des palais au fur et à mesure. Au fil du temps, la famille royale a continué à entretenir ce joyau au coeur de la médina. La dernière rénovation date de 2009, sous Mohammed VI. Les fans d’Hitchcock ont pu découvrir le palais dans des scènes de « L’homme qui en savait trop ».

Rue de la Casbah

De retour à la Koutoubia, nous prenons à droite. Nous passons dans ce qui ressemble à une gare routière, avant d’atteindre des rues affairées, bordées d’épiceries. Nous passons la porte Bab Agnaou, l’une des plus anciennes entrées de la ville, bâtie sous Yakoub el-Mansour. Elle est ornementée et entourée de deux canons.

Direction rue de la casbah, le long de la mosquée du même nom.

Ici on trouve des épiceries, boulangeries, et autres échoppes locales, répondant aux besoins quotidiens des Marrakchis. J’aime bien l’ambiance, qui me paraît plus « réelle » que les étals colorés des souks.

L’héritage des Saadiens

Au recoin de la place, au pied de la mosquée, se trouve une petite entrée dissimulée vers les Tombeaux Saadiens.

Les Saadiens sont arrivés au 16e siècle à Marrakech et lui redonnent de sa superbe en bâtissant plusieurs palais. Ils ont bâti notamment El-badi, un palais de marbre dont il ne reste que les ruines.
Les Saadiens ont également construit la mellah, le quartier juif de la ville.

On entre donc dans la petite allée qui mène aux derniers vestiges saadiens, leurs tombeaux. Datant du 16e siècle, ils n’ont été découverts qu’en 1917.
On arrive dans une jolie petite cour bordée de murs ocres. On trouve les sépultures des femmes, au sol, recouvertes d’un simple damier de zelliges.

Toutes les petites zones carrelées constituent les tombes.

Les sépultures les plus prestigieuses se trouvent dans un mausolée décoré de bois sculpté. Une salle de douzes colonnes, sous une coupole de cèdre, accueille la sépulture de Yakoub el-Mansour. La visite est très rapide car le lieu est petit mais cela vaut la peine.

On y verra également des chats (il y en a partout dans cette ville!) et des cigognes ayant fait leur nid sur le palais voisin.

Un jardin secret

On passe ensuite par la place des Ferblantiers vers le palais de la Bahia.

Marrakech a un côté mystérieux.
Cachée derrière un voile ocre, une ville animée de nombreux trésors se dévoile. Lorsqu’on circule dans les rues poussièreuses, on est loin de s’imaginer les havres de paix que sont les riads, les jardins et les palais. Il faut passer les portes pour découvrir un patio, puis un autre, et tomber sur des espaces réservés, préservés, raffinés. Cette construction de l’habitatiom autour d’un patio central est typique de l’architecture des riads. Comme un secret bien gardé, on doit gratter un peu pour découvrir jardin, fontaine et bassin. Le monde intérieur, serein et accueillant, des femmes. En opposition au monde extérieur, affairé et brut, des hommes.

Le palais de la Bahia témoigne de ce culte du caché. En passant devant, on pourrait ne pas apercevoir l’entrée et passer son chemin.
Construit à la fin du 19e siècle, ce palais était la demeure d’un grand vizir, de ses 4 épouses, sa vingtaine de concubines et leurs enfants. Le palais doit son nom à Bahia, qui était la favorite du vizir.
On débouche ainsi sur un magnifique patio frais et verdoyant. Puis un second et un troisième. C’est immense et on s’y perd un peu avec toutes ces salles. Partout, on peut observer la décoration en zellige, le bois sculpté, les carreaux de céramiques. On imagine un travail incroyable pour donner naissance à cet ensemble kaléidoscopique.

Par manque de temps, nous n’avons pas visité le musée de Marrakech, mais il parait que l’ensemble est très similaire. On dit que le palais Bahia est l’une des plus belles demeures de la Medina. Et pour ma part, j’ai adoré. Ça m’a rappelé les palais à Séville.

Ensuite, nous avons pris à droite dans le quartier juif. Nous nous retrouvons dans le derb, un réseau de ruelles qui se ramifie au départ d’une grande rue.

Nous arrivons au musée Dar Si Said.

Le musée présente poteries, céramiques, armes et costumes. Mais ce qui m’a vraiment plu, c’est le patio.
Au centre, une jolie rotonde au toit peint, avec une fontaine de marbre où viennent se poser les petits oiseaux. Tout autour, les arbres offrent de l’ombre bienvenue et on se trouve bercés par les babillages.

Nous revoilà dans le derb, puis soudain dans le souk des luthiers avant de rejoindre Jemâa El-Fna.

Chouette balade, avec la sensation d’avoir découvert la véritable médina: un ensemble plein de contrastes, de vie et de charme.

S.

photos ©juventina010

Plus sur Marrakech:
Marrakech #1: La Koutoubia
Marrakech #2: Les souks

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